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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/185

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IDYLLE SAPHIQUE

les vilains mois d’hiver vont venir rendre la vie de Paris dangereuse et insupportable, on les devancera un peu. Pas de Monte-Carlo… malsaine l’usine et trop mondain le genre de là-bas ! Non, nous irons à Florence, à Rome, à Venise, à Naples. Nous descendrons à Palerme, puis lorsque tu iras mieux, on s’embarquera pour Malte, Gibraltar. On ira en Espagne, à Barcelone, Séville, Cadix… puis le Portugal, Lisbonne, et on reviendra à Paris seulement en mai… Henri nous précédera, car il ne pourra s’absenter pendant six mois… Mais, tu entends, ce sera un voyage de repos, de santé où nous serons simples comme des petites Anglaises en ballade !

— Oui… oui… murmurait Annhine. C’est cela… partir… tout oublier !

— Tout oublier surtout !

Elle se plaignit :

— J’étouffe…

— Tiens, chérie, voici un ballon d’oxygène ! Ah ! nous en avons usé cette nuit !… rien n’y faisait. Il faut te soigner énergiquement, ma Nhine ! Nous t’y aiderons tous !

— Henri !

Henri s’approcha, heureux d’être appelé. Il lui murmura de douces paroles… pressant sa petite main dans la sienne, affectueusement.

Altesse allait dans l’hôtel et donnait des ordres, affairée.