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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/236

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IDYLLE SAPHIQUE

sèche, elle pût à peine répondre et se renversa en faisant un signe qu’Altesse ne comprit pas… puis elle découvrit sa gorge et désignant son cœur elle se plaignit :

— Là, tenez, docteur… j’ai parfois des points… c’est comme une piqûre.

Tandis qu’il se penchait sur elle, elle eût un frisson et n’y tenant plus, entoura de ses mains la tête du docteur en l’amenant à elle. Étonné, il leva son regard vers son regard, puis brusquement il appuya ses lèvres sur ses lèvres. Ce fut un long baiser, inexplicable, spontané où ils échangèrent leurs âmes et il la prit ainsi, sans réfléchir ni rien analyser, en un fougueux élan. Le jour baissait, l’obscurité se faisait leur complice en voilant les choses tout autour et gagnant la grande chambre. Maintenant, ils causaient ainsi que deux amants. Elle se frôlait à lui, apaisée, le regard illuminé, éperdûment émue. Il la soutenait de ses bras, heureux, croyant rêver. Altesse qui revenait se mêla à eux. Ce fut alors des aveux, des confessions, des projets sans fin. Il guérirait Nhine, oui, il la comprenait toute, cette petite, si femme, si fragile, si âme ! Elle, de suite, au premier regard, au premier échange d’impressions, s’était donnée à lui entièrement, sans restriction. Elle voulut savoir sa vie, lui dire la sienne. Lui de même s’éprit de suite. Elle le rendit fou. Il la désira chez lui et simula un voyage afin d’être bien à elle. Tesse refusa de se joindre à eux. Elle était si contente de sentir sa Nhine en joie,