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Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/84

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IDYLLE SAPHIQUE

Elle se pencha et l’embrassa au front.

— Tenez, mon ami, voici cent francs,… et elle lui tendit cinq pièces d’or.

— Avez-vous de la monnaie ? demanda Flossie, rassurée et remise. Non, n’est-ce pas ? eh bien, en voici un peu !… et elle vida sa bourse dans la main de l’enfant qui riait aux petites pièces blanches.

— Il faut bien manger et voir un médecin… Vous semblez souffrir aussi, monsieur ? interrogea Nhine.

— Si je souffre ! Et le misérable revenu à lui se souleva péniblement… Ah ! si je souffre ! Mais je meurs, mes belles dames… Ah ! je vous reconnais bien, vous, madame de Lys… Merci !… merci !… Mais allez, je crois qu’il valait mieux nous laisser mourir ! Rejoindre l’autre, là-bas !… Et son regard angoissé allait vers le petit portrait accroché au mur.

— Non ! non ! insistait Nhine, vous vous devez à ce petit qui sera peut-être un grand homme plus tard… Vous allez commencer par bien vous soigner tous les deux… boire du bon bouillon, manger des œufs… je m’occuperai de vous, et lorsque vous serez mieux, on organisera une matinée quelconque à votre bénéfice, puisque vous êtes un artiste. Ainsi vous aurez une petite somme et vous verrez revenir le bon temps. Allons, je pars, je reviendrai dans trois ou quatre jours, je veux vous trouver mieux tous les deux… voici mon adresse en cas de besoin.

Elle prit à sa trousse un crayon d’or et chercha un papier.