Aller au contenu

Page:Pougy - Idylle saphique, 1901.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
IDYLLE SAPHIQUE

— Ah ! bien, ça ne fait rien, je vais l’inscrire au mur. Allons ! baby, embrasse-nous.

Elle dit à l’oreille de Flossie :

— Ce sera notre enfant, veux-tu ?

— Embrasse ces dames, dit le pauvre père réconforté, encouragé par la perspective de bien-être et de travail que lui ouvraient les douces paroles d’Annhine… Embrasse ces deux anges que le bon Dieu t’envoie, Guillaume…

— Ce sera notre petit protégé, répéta Nhine, mais il faut qu’il guérisse vite. Ne bougez pas, il ne faut plus le quitter… il pleut et il fait froid, ce soir. Je vais descendre chez le gérant. Vous allez changer de chambre. La bonne va venir, elle ira vous chercher du bouillon. Cachez l’or, sortez seulement quelques francs… demain vous changerez… et puis il ne faut pas montrer votre fortune… moi-même je vais passer chez mon médecin qui viendra vous voir dans la soirée. Il faut l’attendre et l’écouter, il vous enverra des remèdes… Allons, adieu, cher camarade ; vous voyez, on ne doit jamais se décourager.

— Que le bon Dieu vous bénisse et vous le rende, madame, merci, merci,… et le pauvre homme pleurait à chaudes larmes en baisant les belles mains fines qui s’étaient dégantées pour le servir.

— Au revoir, Guillaume, au revoir, mon mignon… est-il joli ! À bientôt…

Et la vision disparut aux yeux des malheureux qui auraient cru à une hallucination s’ils n’avaient eu