Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus près d’elle. La crainte que j’avais eue de la perdre semblait augmenter en la retrouvant. J’aurais voulu qu’elle soit déjà retournée chez le maître de langues, et la vue de plusieurs vaisseaux parmi lesquels je me figurais que devait être celui du Messinois me causait une inquiétude qui m’échauffait le sang.

« Vous me quittiez donc, Théophé, lui dis-je tristement, et lorsque vous avez pris la résolution de quitter un homme qui vous est si dévoué, vous avez compté pour rien la douleur que votre départ m’allait causer ! Mais pourquoi me quitter sans m’avoir averti de votre projet ? Avez-vous trouvé que j’avais mal répondu à votre confiance ? »

Elle tenait les yeux baissés, et j’en voyais couler quelques larmes. Cependant, les levant sur moi avec un air de confusion, elle m’assura qu’elle n’avait rien à se reprocher du côté de la reconnaissance ; et si le maître de langues, me dit-elle, m’avait rendu compte des sentiments qu’elle emportait pour moi, je ne devais pas la soupçonner d’ingratitude. Elle continua de se justifier par les mêmes raisons qu’il m’avait apportées, et venant au jeune Condoidi, que je ne pouvais être surpris de trouver dans cette chambre, elle me confessa que l’ayant vu passer, le souvenir de l’affection qu’il lui avait marquée la veille l’avait portée à le faire appeler. Ce qu’elle venait d’apprendre par son témoignage devenait pour elle une nouvelle raison de pré-