Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/119

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cipiter son départ. Condoidi avait déclaré à ses trois fils qu’il ne lui restait pas le moindre doute qu’elle ne fût leur sœur ; mais n’en étant pas plus disposé à la recevoir dans sa famille, il avait défendu au contraire à ses fils de former la moindre liaison avec elle, et sans expliquer le fond de ses idées, il paraissait rouler secrètement quelque noir projet. Le jeune homme, charmé de rencontrer sa sœur, pour laquelle il sentait redoubler son affection, l’avait exhortée lui-même à se défier de l’humeur de son père ; et la trouvant déterminée à quitter Constantinople, il lui avait offert de se joindre à elle pour l’accompagner dans son voyage.

« Quel conseil donneriez-vous à une malheureuse, ajouta Théophé, et quel autre parti me reste-t-il à choisir que la fuite ? »

J’aurais pu lui répondre que la plus forte raison qu’elle avait de fuir étant la crainte qu’on lui inspirait de son père, le sujet de mes plaintes n’en subsistait pas moins, puisque ce nouveau malheur n’était venu qu’après sa résolution. Mais faisant tout céder à l’envie de la retenir, et n’exceptant pas même son frère de mes défiances, je lui représentai que si son départ était juste et nécessaire, il devait être accompagné de quelques mesures dont elle ne pouvait se dispenser sans imprudence. Et, l’accusant encore de n’avoir pas fait assez de fond sur mes services, je la pressai de suspendre son dessein pour me donner le temps de lui cher-