Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/120

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cher quelque occupation moins dangereuse que celle d’un capitaine inconnu. À l’égard du jeune Condoidi, dont je louais le bon naturel, je lui offris de le prendre chez moi, où elle devait le persuader aisément que pour la douceur de sa vie et pour le soin de son éducation il n’aurait point à regretter la maison de son père. Je ne sais si ce fut sa timidité seule qui la fit céder sans résistance à mes sollicitations ; mais jugeant par son silence qu’elle consentait à me suivre, je fis amener une voiture pour la conduire moi-même chez le maître de langues. Il lui dit à l’oreille quelques mots que je ne pus distinguer. Condoidi, qui avait su d’elle qui j’étais, marqua tant de joie de mes offres que je pris plus mauvaise opinion que jamais d’un père dont je voyais le fils si content d’en être délivré ; et l’un de mes motifs était l’envie d’être informé à fond de tout ce qui appartenait à sa famille.

En retournant chez le maître de langues, je me proposais bien de ne pas différer plus longtemps l’ouverture que je voulais faire à Théophé des vues que j’avais sur elle. Mais n’ayant pu me dégager avec bienséance du jeune Condoidi, qui semblait craindre que je n’oubliasse ma promesse en le perdant de vue un moment, je fus forcé de me réduire à des expressions vagues dont je ne m’étonnai point qu’elle ne parût pas comprendre le sens. Ce langage était néanmoins si différent de celui dont j’avais toujours usé avec elle,