Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mène dans un lieu où vous avez beaucoup de fruit à tirer de ces avantages ; mais je veux que vous me promettiez avec serment de ne vous conduire que par mes conseils. »

« Il me pressa de lui faire cette promesse dans les termes qu’il crut les plus propres à la rendre inviolable. Je me sentis une répugnance extrême à me lier comme il l’exigeait. Quelques réflexions que j’avais commencé à faire sur les aventures où il m’avait engagée me faisaient concevoir qu’en me liant avec un homme, je pouvais tirer plus d’agrément de mon propre choix. Le fils du gouverneur de Patras avec qui j’avais eu cette liaison, n’avait jamais fait d’impressions sur mon cœur ; tandis que j’avais vu mille jeunes gens avec qui je n’aurais pas été fâchée d’avoir la même familiarité. Cependant, l’autorité paternelle étant un joug auquel je n’avais pas la force de résister, je pris le parti de la soumission.

« Nous arrivâmes à Constantinople. Les premiers mois furent employés à me faire acquérir les manières et les connaissances qui mettent une femme au goût de la capitale. Mon âge ne passait pas quinze ans. Sans s’ouvrir sur ses desseins, mon père me flattait sans cesse d’une fortune qui surpasserait mes espérances. Un jour qu’il revenait de la ville, il ne s’aperçut point qu’il avait été suivi par deux personnes, qui ne s’arrêtèrent qu’après s’être assurées de la maison où il entrait et qui se firent accom-