Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/59

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pagner de quelques voisins pour y entrer avec lui. Nous n’en occupions qu’une petite partie. Ils frappèrent si brusquement à notre porte, que dans l’inquiétude qu’il eut de ce bruit, il me fit passer dans une seconde chambre qui touchait à la première. Ayant ouvert, il se vit arrêté tout d’un coup par un homme qu’il crut reconnaître, puisque sa vue lui fit perdre la voix, et qu’il demeura quelque temps sans répondre à plusieurs reproches injurieux que j’entendais distinctement. On l’appelait traître, lâche, qui n’échapperait pas plus longtemps à la justice, et qui rendrait compte malgré lui de ses perfidies et de ses vols. Il ne chercha point à se justifier, et ne voyant pas plus d’apparence à se défendre, il se laissa mener sans résistance au cadi.

« À peine fus-je remise de ma première frayeur, que, me couvrant la tête d’un voile, je me hâtai de suivre la route qu’on lui avait fait prendre. Comme l’audience de la justice s’accorde publiquement, j’arrivai assez tôt pour être témoin des plaintes de ses accusateurs, et de la sentence qui suivit immédiatement sa confession. On le chargeait d’avoir séduit la femme d’un Seigneur grec, dont il était l’intendant, de l’avoir enlevée avec une fille de deux ans qu’elle avait eue de son mari, et d’avoir dérobé en même temps ce qu’il avait trouvé de plus précieux chez son maître. N’ayant pu désavouer ces accusations, il chercha seulement à s’excu-