Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/76

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nations ? » Quoique j’eusse à souhaiter là-dessus des détails que je n’avais pas eu le temps de vous demander, c’était assez de me trouver agitée par des désirs si vifs, pour former une haute idée de ce qui me causait tant d’émotion. Je n’aurais pas balancé à quitter le sérail, s’il m’avait été possible d’en sortir. Je vous aurais cherché dans toute la ville pour recevoir seulement l’explication de mille choses qui me restaient à savoir, pour vous faire répéter ce que j’avais entendu, pour vous entendre encore, et me rassasier d’un plaisir dont je n’avais fait que l’essai. Je rappelai du moins une espérance que j’avais toujours conservée, et sans laquelle j’aurais pris plus de précautions avec l’intendant du Bacha. N’étant point née esclave, et rien ne m’ayant forcée de l’être, je m’étais persuadée que si j’eusse pu supposer des circonstances où je me fusse lassée de mon sort, on n’aurait pu m’y retenir malgré moi. Je m’imaginai qu’il n’était question que de m’expliquer avec le Bacha. Mais comme j’avais l’occasion de voir quelquefois l’intendant, qui était chargé des réparations du sérail, je voulus d’abord m’ouvrir à lui. Il m’avait tenu parole. J’étais satisfaite de ses soins et de ses services, et je ne doutai point qu’il ne fût également disposé à m’obliger. Cependant, à peine eut-il compris où tendait mon discours, que, prenant un air froid et sérieux, il affecta d’ignorer le fondement de mes prétentions, et