l’enlèvement d’une dame Grecque et de sa fille, dont on l’avait accusé. Il ne me parut pas impossible que Théophé n’eût été cette enfant de deux ans qui avait disparu avec sa mère. Cependant, quel moyen de pouvoir obtenir là-dessus quelque lumière ? Et n’en aurait-elle pas eu quelque défiance elle-même, si elle eût vu dans cette aventure le moindre rapport avec les siennes ? Je me proposai néanmoins de lui faire quelques nouvelles questions pour satisfaire ma curiosité, et je ne remis pas ce dessein plus loin qu’à ma visite.
Mon valet de chambre étant le seul de mes gens qui sût mes relations avec Théophé, j’étais résolu de tenir cette intrigue secrète, et de ne prendre jamais que le temps du soir pour aller chez le maître de langues. Je m’y rendis à l’entrée de la nuit. Il m’apprit qu’une heure auparavant, il y était venu un Turc de fort bonne mine, qui avait demandé avec empressement à parler à la jeune Grecque, mais en lui donnant le nom de Zara, qu’elle avait porté au sérail. Elle avait refusé de le voir. Après avoir marqué beaucoup de chagrin de ce refus, le Turc avait laissé au maître de langues une cassette dont il était chargé pour elle, avec un billet à la façon des Turcs, qu’il l’avait priée instamment de lire. Théophé avait refusé également de recevoir le billet et la cassette. Le maître de langues me les remit. Je les pris avec moi en entrant dans l’appartement, et