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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/25

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fus pas longtemps sans distinguer dans les ténèbres, un homme qui venait vers moi ; mais il m’aperçut aussi, quoiqu’il fût impossible de me reconnaître, et, retournant sur ses pas, il ne pensa qu’à regagner le bois d’où il sortait. Mon impatience me fit marcher sur ses traces. Je levai même la voix, pour lui faire entendre qui j’étais, et je lui ordonnai d’arrêter. Mon ordre ne fut point écouté. Le ressentiment que j’en eus fut si vif, que, prenant un autre parti pour m’éclaircir sur-le-champ, je rentrai chez moi, et je donnai ordre qu’on appelât tout ce que j’avais de domestiques à Oru. Le nombre n’en était pas infini. J’en avais sept, qui parurent au même moment. Ma confusion augmenta jusqu’à me faire cacher le motif qui m’avait porté à les assembler, et le Sélictar me revenant à l’esprit avec tous les soupçons qui pouvaient accompagner cette idée, je fus indigné d’une trahison dont je ne crus pas qu’il me fût permis de douter. Il me parut clair qu’il s’était logé dans quelque maison du voisinage, d’où il se flattait de s’introduire chez moi pendant la nuit. Mais était-ce de l’aveu de Théophé ? Ce doute qui s’éleva aussitôt dans mon esprit me jeta dans une mortelle amertume. J’aurais donné ordre à tous mes gens de descendre au jardin, si je n’eusse été retenu par une autre pensée, qui me fit prendre une résolution toute différente. Il me parut beaucoup plus important d’approfondir les intentions du