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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/28

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engagements avec le Sélictar pour me servir fidèlement.

Je partis extrêmement soulagé ; mais mon voyage fut inutile à mes deux amis. J’appris en arrivant chez moi que le Grand Vizir y avait envoyé deux fois un des principaux officiers, qui avait marqué beaucoup de regret de ne pas me rencontrer, et quelques bruits qui avaient commencé à se répandre sourdement me firent mal augurer des deux Bachas. Cette nouvelle, jointe à ce qu’on m’apprenait du Grand Vizir, ne me permit pas de prendre un moment de repos. Je me rendis chez ce Ministre, quoiqu’il ne fût pas moins de dix heures, et prenant pour prétexte l’impatience que j’avais de savoir ce qu’il désirait de moi, je le fis presser, au sérail même où je m’étais fait assurer qu’il était, de m’accorder un moment d’entretien. Il ne me le fit pas trop attendre ; mais il abrégea ma visite et mes plaintes par le soin qu’il eut de prévenir mon discours.

« Je n’ai pas voulu, me dit-il, que vous puissiez m’accuser d’avoir manqué d’égard pour votre recommandation ; et si mon officier vous eût trouvé chez vous, il était chargé de vous apprendre que le Grand Seigneur n’a pu se dispenser d’exercer sa justice sur les deux Bachas. Ils étaient coupables. »

Quelque intérêt que j’eusse pris à leur justification, il ne me restait rien à opposer contre une déclaration si formelle. Mais en confessant que les crimes d’État ne méritent