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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/36

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témérité à Synèse, et qui excitait le Sélictar à l’en punir. Ils avaient tous deux des armes ; Synèse menacé s’est mis en état de se défendre. Mais, ayant été blessé par le Sélictar, il l’a saisi au corps, et je voyais les deux poignards briller en l’air dans les efforts qu’ils faisaient tous deux pour se porter des coups et pour les repousser. Le bruit de leur combat, plutôt que mes cris, car ma frayeur les rendait trop faibles pour se faire entendre, a fait venir vos domestiques ; et tout ce que j’en ai pu recueillir depuis ce moment, est qu’on était parti, à ma prière, pour aller presser votre retour. »

Son innocence était si claire dans ce récit, que, regrettant de l’avoir soupçonnée, je m’efforçai au contraire de la délivrer d’un reste de frayeur qui paraissait encore dans ses yeux. Et peut-être qu’au milieu de mes vives protestations d’attachement, dont je crus remarquer qu’elle s’attendrissait, j’aurais emporté insensiblement ce que j’avais renoncé à lui demander, si mes propres résolutions ne m’eussent soutenu contre l’émotion de mes sens. Mais mon système était formé, et je crois que dans les sentiments auxquels j’étais revenu pour elle, j’aurais été fâché de lui trouver une facilité qui aurait diminué quelque chose de mon estime.

Cependant, ne laissant rien échapper de ce qui était capable de flatter mon cœur, je tirai assez de satisfaction de cette rencontre