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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/38

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pas été si longtemps en Turquie sans savoir les droits qu’un maître a sur ses esclaves, et ne voyant aucune apparence que le Sélictar se fût retiré furtivement s’il était venu dans ma maison avec des vues innocentes, je résolus d’employer les voies les plus rigoureuses pour éclaircir la vérité. Les raisons que mon valet de chambre avait eues d’arrêter Bema, devaient faire sur moi autant d’impression du moins que sur lui. En un mot, je parlai de supplices à mon esclave, et le ton qu’elle me vit prendre lui faisant croire cette menace sérieuse, elle me confessa en tremblant le fond de son intrigue.

Lorsque j’eus achevé de m’assurer que le Sélictar n’avait vu Théophé que dans les circonstances de cette nuit, je trouvai dans son aventure plus de sujet de le railler de sa mauvaise fortune que de m’offenser du séjour qu’il avait fait dans ma maison. Bema dissipa même jusqu’aux moindres traces de mon ressentiment en m’apprenant les principales raisons qui l’avaient portée à m’en faire un mystère. Mais ce qui rendait mon ami plus excusable, ne suffisant pas pour le justifier, je me réservai à examiner le châtiment qu’elle méritait pour avoir trahi ma confiance ; et ce fut alors qu’elle prit le Prophète à témoin, que je n’aurais jamais eu de reproche à lui faire, si je m’étais reposé sur elle à demi. Cette franchise diminua beaucoup ma colère. Il restait à savoir d’elle ce que le Sélictar pouvait être devenu.