Aller au contenu

Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle ne balança point à me répondre qu’elle le croyait retourné dans sa chambre ; et pour m’en éclaircir, elle me dit qu’il suffisait de voir si la porte était fermée. Ne pouvant douter qu’il n’y fût à cette marque, la seule vengeance que je pensai à tirer de lui, fût de l’y laisser jusqu’à ce que la faim le pressât de sortir, et de mettre mon valet de chambre en garde à la porte, pour le recevoir au moment qu’il serait forcé de se montrer. Bema, que je laissai dans sa prison, ne pouvait troubler la satisfaction que je me promis de cette scène.

À l’égard de Synèse, elle n’avait eu aucun éclaircissement à me donner, puisque personne n’avait été plus trompé qu’elle en le surprenant dans l’appartement de Théophé. Mais il me causait si peu d’inquiétude, qu’apprenant que sa blessure était effectivement très dangereuse, j’ordonnai qu’on en prît soin, et je remis à le voir lorsqu’il commencerait à se rétablir. Qu’il ne fût point sorti de chez moi, ou qu’il y fût revenu après son départ, c’était l’infidélité d’un de mes gens, qui n’était point assez importante pour m’en faire hâter beaucoup la punition. Et dès que je me croyais sûr de la sagesse de Théophé, il m’était si indifférent qu’elle fût aimée de ce jeune Grec, que je prévis au contraire qu’elle en pouvait tirer quelque avantage du côté de son père. Cette réflexion ne s’était pas présentée d’abord à moi ; mais en y pensant, depuis le dernier entretien que