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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/42

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mépris ; et dans la liberté que j’ai prise de me retirer chez vous sans votre participation, vous ne devez voir que l’embarras d’un ami qui, en regardant votre maison comme asile, n’a pas voulu vous exposer au mécontentement de la Porte. »

Je l’interrompis à mon tour pour l’assurer que je lui épargnais jusqu’aux justifications, et qu’à l’égard de Théophé même, je ne trouvais à condamner dans sa conduite que ce qui devait le blesser lui-même, c’est-à-dire un procédé qui ne semblait pas s’accorder avec la délicatesse qu’il avait marquée jusqu’alors dans ses sentiments. Il passa condamnation sur ce reproche.

« L’occasion, me dit-il, a eu plus de force que ma vertu. »

Tout le reste de cet entretien fut tourné en badinage. Je l’assurai que le plus fâcheux effet de son aventure serait d’être logé plus commodément et traité avec plus de soin que dans la chambre de Bema, sans en être plus exposé aux périls qui lui avaient fait prendre le parti de se cacher. Et, lui racontant ce que j’avais appris du Grand Vizir, je lui causai autant de satisfaction pour lui-même que de compassion pour le sort de l’Aga des Janissaires et des deux Bachas. Cependant, il me protesta qu’il les plaignait moins s’ils étaient coupables, et que, loin d’être entré dans leur complot, il aurait été capable de rompre avec eux s’il les en eût soupçonnés.