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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/43

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Il semblait disposé à partir sur-le-champ, et il me parla de faire avertir deux esclaves qu’il avait chargés d’attendre ses ordres dans le village voisin. Mais je lui expliquai les précautions avec lesquelles le Grand Vizir souhaitait qu’il se rapprochât de Constantinople. Entre plusieurs partis qu’il pouvait embrasser, il se détermina par mon conseil à se rendre le lendemain à sa maison de campagne, comme s’il fût revenu de visiter les magasins et les arsenaux de la mer Noire. Je ne refusai pas même de l’accompagner, et pour lui faire connaître, non seulement que je ne conservais aucun ressentiment de ce qui s’était passé, mais que j’avais toujours de son caractère la même opinion qui m’avait fait rechercher son amitié, je lui proposai de mettre Théophé de notre promenade.

À peine osait-il se persuader que cette offre fût sincère ; mais j’étais de si bonne foi, qu’ayant passé avec lui le reste de la nuit, je le conduisis moi-même à l’appartement de Théophé pour lui faire agréer notre proposition. L’impression qui me restait du dernier entretien que j’avais eu avec elle me rendait comme supérieur à toutes les faiblesses de la jalousie, et j’avais si bien connu que le Sélictar ne parviendrait jamais à toucher son cœur, que je me faisais une espèce de triomphe des efforts qu’il allait renouveler inutilement pour l’attendrir.

D’ailleurs, quelque succès qui pût être