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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/49

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fils d’une mère extrêmement diffamée par son libertinage, et la même étoile lui avait fait épouser une femme qui, après l’avoir trompé longtemps par des apparences de vertu, s’était déshonorée à la fin par une dissolution ouverte. En ayant une fille, qui était l’esclave du Sélictar, il avait promis au ciel de la former à la sagesse par une éducation si sévère qu’elle pût réparer l’honneur de sa famille. Il l’avait fait renfermer dès ses premières années dans un château qu’il avait à la campagne, sous la conduite de deux femmes vieilles et vertueuses, auxquelles il avait recommandé, en leur communiquant ses intentions, de ne pas faire connaître à sa fille qu’elle fût distinguée par quelques avantages naturels, et de ne lui jamais parler de la beauté des femmes comme d’un bien qui méritât de l’attention. Avec ce soin et celui de l’élever dans la pratique continuelle de toutes les vertus, elles lui avaient fait mener jusqu’à l’âge de dix-sept ans une vie si innocente, qu’il ne lui était jamais rien entré dans l’esprit et dans le cœur de contraire aux vues de son père. Elle s’était assez aperçu, dans le peu d’occasions qu’elle avait eues de paraître avec ses deux gouvernantes, que les regards de quelques personnes qu’elle avait vues, s’étaient fixés sur elle, et qu’on marquait quelque sentiment extraordinaire en la voyant. Mais n’ayant jamais fait usage d’un miroir, et l’attention continuelle des deux vieilles étant d’éloigner tout