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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/51

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avantage. Bientôt elle avait trouvé tant de douceur à se considérer sans cesse, à ranger ses cheveux et à mettre plus d’ordre dans sa parure, que, sans savoir à quoi ces agréments la rendaient propre, elle avait commencé à juger que ce qui causait tant de plaisir devait infailliblement en causer aux autres.

« Pendant ce temps-là, le marchand, qui avait été fort réjoui de son aventure, prenait plaisir à la raconter dans tous les lieux où il passait. La description qu’il y joignait des charmes de la jeune Sicilienne excita la curiosité et les désirs d’un chevalier de Malte qui venait de prendre les derniers engagements dans son ordre avec peu de disposition à les observer. S’étant rendu dans le voisinage du château, il trouva le moyen de remettre secrètement à cette jeune personne un miroir qui, dans une boîte plus grande que celle du marchand, contenait vis-à-vis la glace, le portrait d’un homme fort aimable, avec une lettre tendre et propre à l’instruire de tout ce qu’on avait pris soin de lui cacher. Le portrait, qui était celui du chevalier, produisit l’effet pour lequel il était envoyé, et les instructions de la lettre devinrent si utiles qu’on s’en servit fort heureusement pour lever beaucoup d’obstacles.

« La jeune personne, à qui ses gouvernantes n’avaient jamais parlé des hommes que comme des instruments dont il a plu au ciel de se servir pour rendre les femmes pro-