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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/52

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pres à la propagation du genre humain, et qui l’avaient accoutumée d’avance à respecter la sainteté du mariage, se garda bien de prêter l’oreille aux tendresses du chevalier, sans lui avoir demandé s’il pensait à devenir son mari. Il n’épargna point les promesses, lorsqu’il eut pénétré à quoi elles pouvaient lui servir, et, faisant valoir quelques raisons d’intérêt pour tenir ses engagements cachés, il parvint en peu de jours à tromper l’attente du père et la vigilance des deux gouvernantes. Ce commerce dura longtemps sans aucun trouble. Mais quelques remords, joints à la crainte de l’avenir, rendirent la Sicilienne plus pressante sur l’exécution des promesses qu’elle avait exigées. Il devint impossible au chevalier de déguiser plus longtemps qu’il était engagé dans un état qui lui interdisait le mariage. Les larmes et les plaintes firent leur rôle pendant quelques jours. Cependant on s’aimait de bonne foi. Le plus terrible de tous les maux avait été de se quitter. On fit céder tous les autres à cette crainte, et pour prévenir des suites fâcheuses qui ne pouvaient être éloignées, on prit la résolution d’abandonner la Sicile et de se retirer dans quelque pays de la dépendance des Turcs. Les deux amants n’avaient rien à se reprocher, car étant nés tous deux pour une haute fortune, ils faisaient le même sacrifice à l’amour.

« L’intention où ils étaient de se retirer volontairement chez les Turcs les aurait ga-