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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/55

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qui vous rend si admirable à mes yeux, continuai-je avec transport, que je vous crois supérieure à toutes les femmes du monde. »

Théophé branla la tête en souriant avec beaucoup de douceur ; et sans faire de réponse à ce qui la regardait, elle insista sur les sentiments de la Sicilienne, qu’elle trouvait digne que nous entreprissions quelque chose pour sa liberté.

« Il suffit que vous le désiriez, lui dis-je, pour m’en faire une loi, et je ne veux pas même que vous ayez cette obligation au Sélictar. »

Il venait nous joindre lorsque je m’engageais à lui en parler dès le même jour. Je ne remis pas plus loin ma prière. Et, le tirant à l’écart, comme si j’en eusse voulu faire un mystère à Théophé, je lui demandai naturellement s’il était assez attaché à la Sicilienne pour trouver quelque peine à m’en faire le sacrifice.

« Elle est à vous dès ce moment », me dit-il.

Et lorsque je lui parlai du prix, il rejeta mes instances comme autant d’injures. Je jugeai même à sa joie, qu’outre la satisfaction de m’obliger, il se flattait que ce serait pour moi un nouvel engagement à le servir près de Théophé ; sans compter que mon exemple pouvait avoir quelque force pour la faire penser au plaisir. Mais en m’accordant la liberté d’ouvrir la porte à son esclave, il