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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/56

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m’apprit une circonstance qu’elle avait cachée à Théophé.

« Je l’ai crue d’abord, me dit-il, uniquement affligée de la perte de sa liberté, et je n’ai pas ménagé mes soins pour lui faire trouver de la consolation dans son sort ; mais le hasard m’a fait découvrir qu’elle est passionnée pour un jeune esclave de sa nation, qui a eu l’adresse de faire pénétrer une lettre dans mon sérail, et que j’ai négligé de punir, par considération pour son maître, qui est un de mes amis. J’ignore l’origine de cette liaison, et je me suis borné à faire redoubler la diligence de mes gens, pour garantir ma maison de ce désordre. Mais j’en ai pris occasion de me refroidir pour ma Sicilienne, à qui j’avais reconnu d’ailleurs bien des charmes. »

Cet avis, que le Sélictar crut devoir à l’amitié, aurait été une précaution fort juste, si j’eusse été rempli des sentiments qu’il m’attribuait. Mais n’y prenant point d’autre intérêt que celui de plaire à Théophé, je m’imaginai au contraire avec joie que le jeune esclave dont le Sélictar se plaignait ne pouvait être que le chevalier sicilien, et je prévis que je me trouverais bientôt obligé de le délivrer aussitôt de ses chaînes. J’attendis néanmoins que je fusse seul avec Théophé pour lui apprendre que la Sicilienne était à nous. Elle fut si charmée de m’entendre ajouter que je croyais le chevalier peu éloigné, et que je me proposais de le rendre