Aller au contenu

Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tres ouvertures avec le même danger. Nous partions vers le milieu du jour, dans une grande calèche que j’avais pour la campagne. Il était à vingt pas de la porte, d’où il vit sortir quelques-uns de mes gens, qui étaient à cheval, et qui se rassemblaient pour m’attendre. L’habit français l’ayant frappé, il leur demanda dans notre langue, qu’il parlait assez facilement, à qui ils appartenaient. Je ne sais quel projet il aurait pu former sur leur réponse ; mais à peine l’avait-il reçue que voyant avancer ma voiture dans laquelle j’étais avec le Sélictar et les deux dames, il reconnut aisément sa maîtresse. Rien ne fut capable de modérer son transport. Il se jeta à ma portière, où il demeura suspendu malgré la marche ardente de six puissants chevaux, en me nommant par mon nom, et me conjurant de lui accorder un moment pour s’expliquer.

Son agitation lui avait fait perdre haleine, et dans les efforts qu’il faisait pour se soutenir et pour se faire entendre, on l’aurait pris pour un furieux qui roulait quelque dessein funeste. Nous ne nous apercevions pas que Maria Rezati, ou Molène, était évanouie à notre côté. Mais les gens du Sélictar, qui suivaient avec ses équipages, apercevant un esclave qui paraissait manquer de respect pour leur maître et pour moi, accoururent impérieusement, et le forcèrent avec violence de quitter ma portière. Un soupçon qui m’était venu de la vérité me