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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/60

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Après avoir fait une réponse consolante au jeune esclave, je demandai au Sélictar s’il était assez bien avec son maître pour me garantir que son absence n’aurait pas de mauvaises suites. Il m’assura que c’était un de ses meilleurs amis ; et, par une politesse que j’admirai en Turquie, lorsque je lui eus déclaré le désir que j’avais d’amener le chevalier à Oru, il dépêcha un de ses gens pour prier son ami, qui était un officier général, de trouver bon qu’il usât pendant quelques jours de son esclave.

« Je prévois, me dit-il, après avoir donné cet ordre, que vous m’emploierez à quelque chose de plus ; mais en vous prévenant par l’offre de mes services, je vous assure que ce qui me sera refusé par Nady Émir ne peut être accordé à personne. »

Nous avions des chevaux de main. J’en fis donner un au chevalier, qui ne se possédait point dans les mouvements de sa joie. Cependant il en sut modérer ses témoignages, et sentant à quoi l’obligeaient encore son habit et sa situation, il s’abstint également de s’approcher de sa maîtresse, et de prendre un autre ton que celui qui convenait à sa mauvaise fortune.

Je ne pus éviter, pendant le reste de la route, de confesser au Sélictar que c’était le désir de rendre service à ces malheureux amants qui m’avait porté à lui demander la liberté de Molène, et j’acceptai l’offre qu’il me faisait de son entremise pour obtenir de