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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome II.djvu/67

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Sélictar, et pour mener une vie simple dans le pays où il voulait fixer son établissement. Il ajouta que sa maîtresse était fille d’un père fort riche, qui ne vivrait pas toujours, et que, ne pouvant pas perdre les droits que la nature lui donnait à cet héritage, elle en retirerait tôt ou tard plus qu’ils ne désiraient l’un et l’autre pour rendre leur vie fort aisée, et pour laisser quelque chose à leurs enfants, s’il plaisait au Ciel de leur en accorder.

Un système né si vite, me parut trop bien concerté pour ne pas soupçonner qu’il venait de quelque incident extraordinaire. Je ne me serais jamais défié néanmoins qu’il vînt de Synèse. Le chevalier n’avait pu passer deux jours à Oru sans apprendre que ce jeune Grec y était avec une blessure dangereuse. Il l’avait vu par politesse, et l’ayant trouvé aimable, il s’était lié tout d’un coup avec lui jusqu’à lui raconter ses aventures. L’embarras où le mettaient ses projets de mariage avait fait naître à Synèse cet admirable plan, dans lequel il s’était flatté de pouvoir trouver ses propres avantages. Il avait offert une retraite au chevalier dans les terres de son père, et, lui découvrant à son tour les tourments de son cœur, ils étaient venus de confidence en confidence à se promettre que Théophé par tendresse ou par intérêt se laisserait engager à les suivre. On était bien éloigné d’avoir obtenu son consentement, et Synèse avait prévenu son ami sur