Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/105

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— Je la trouve trop pâle, répéta Mme Georges. Elle a grandi trop vite. Elle a besoin d’un changement d’air et de scène.

André tourna les yeux vers la jeune fille. C’était la première fois qu’il la regardait depuis qu’elle était entrée sans bruit sur les talons de sa mère. Avec sa figure caractéristique où se lisait quelque chose d’ardent, cette grande fille pâle dont sa tante Agathe l’entretenait si souvent lui sembla encore plus laide qu’il ne s’y attendait.

Il s’amusa un moment à voir, sous la peau blanche nacrée, les allées et venues rapides du sang, attribuant cette impressionnabilité maladive à des causes très éloignées de la vérité, puis quand il eut épuisé ce divertissement, son attention retourna à Mme  Georges.

Celle-ci se leva aussitôt, nerveuse, pressée de fuir l’œil persistant de cet étranger, devinant, sans même avoir jeté les yeux sur Elisabeth, que la jeune fille, retranchée dans son silence, observait et souffrait.

Sans répondre aux exclamations de Mme Mus-