Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/127

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— Je suis sortie tout de suite après toi, Élisabeth. Je vous ai cherchés partout.

Et elle vit très bien la rougeur inusitée qui brûlait les joues d’Élisabeth ; elle la vit disparaître lentement.

Elle alla s’asseoir près de la fenêtre, et elle rêva en face de l’éclosion superbe du printemps, mais la nature parée n’avait plus de voix pour elle, elle ne lui disait plus rien.

Sur le fond blanc du ciel, son profil droit, très fin, coupait un dessin ferme et pur ; toutes les flétrissures récentes du visage se dérobaient dans l’ombre flatteuse du contre-jour. Ses mains abandonnées s’étaient croisées sur ses genoux, très blanches sur l’étoffe noire de la robe.

André la regarda un moment sans parler, puis se penchant vers Élisabeth, de façon à n’être entendu que d’elle, il murmura :

— Votre mère est encore bien belle. Sapristi, que cette femme est encore belle !

Quelque chose d’amer circula dans les