Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/128

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veines d’Élisabeth ; elle jeta sur sa mère un coup d’œil rapide, mais elle ne répondit rien.

Quelques heures plus tard, dans le court trajet en chemin de fer qui le ramenait à la ville, André regardait filer la campagne fleurie avec une sensation de joie, mêlée d’étonnement.

Il n’avait pas cru faire, ce jour-là, tant de chemin, ni prévu les impressions vives qu’il avait éprouvées pendant son rapide entretien avec Élisabeth.

L’image d’Élisabeth, avec sa pâleur de vierge passionnée, se mêlait aux gros bouquets blancs des cerisiers qui, jusqu’à la lisière encore morne et noire des bois, tachait le vert frais, tout neuf, des prairies. Une joie débordante le possédait, et il avait une envie folle de chanter et de rire tout haut. Il ne voyait plus du tout le visage maigrelet, chétif et souffreteux de la jeune fille ; il pensait à l’avenir avec une détente de tout son être, surpris d’avoir été si récalcitrant aux conseils de sa tante