Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/136

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À travers le voile diaphane des fleurs, la tiédeur oblique du soleil venait jusqu’à lui, le pénétrait d’un bien-être intense, tandis qu’il songeait à l’hommage inattendu rendu à sa longue probité laborieuse. Cette bienfaisante surprise le reposait de la lutte sourde poursuivie si longtemps à son foyer contre l’hostilité active et cachée d’André.

Très longtemps, en face de l’oisiveté légère et satisfaite du jeune homme, le caissier s’était tu. Le mal qui l’asservissait dès qu’il essayait de traduire en paroles ses sentiments ou ses idées, le gênait vis-à-vis de ce garçon débordant de vie. André, jusqu’au jour où il s’était trouvé sur le pavé, libre de choisir entre le vagabondage de la rue ou le joug du travail, avait considéré son oncle comme un être nul, dont les opinions pouvaient aller, venir ou s’arrêter, sans qu’il y eût lieu d’attacher à d’aussi insignifiantes oscillations une importance quelconque. Mais, depuis qu’il l’avait chassé de chez lui, l’oncle avait senti ployer dans sa main débile et s’y