Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/149

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l’entente silencieuse où les mères et les enfants sont attachés les uns aux autres par d’indissolubles liens. Dans les différends multiples que la vie peut faire naître, ces liens finissent toujours par les rapprocher.

Elle resta un moment absolument écrasée sous l’outrage, puis elle se ressaisit.

La préoccupation que trahissait l’argument sorti sans effort des lèvres d’Élisabeth ne pouvait pas être le premier écho d’un sentiment vrai et profond. Non, c’était impossible. Le cœur de son enfant était donc libre, il y avait encore quelque espoir de la sauver. Elle reprit lentement, très calme :

— Tu ne connais pas le passé de ce jeune homme, mais moi, je me suis informée. Pendant des années, — t’a-t-il dit cela ? — sa tante l’a nourri de son propre travail. Te permettre, pour satisfaire une fantaisie de ton esprit malade, de te vouer à un malheur certain, je ne peux pas. Je t’aime trop, je t’aime trop, mon enfant, pour te livrer à de pareilles expériences. J’ai dit non.