Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/15

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avait fait de ce premier bout d’existence une période inquiète et anormale.

Cela n’avait pas plus de consistance dans son esprit que l’ombre qui l’enveloppait quand elle était toute petite, et que sa mère, après l’avoir bordée dans son lit, s’en allait sur la pointe des pieds, fermait la porte doucement derrière elle, et la laissait seule.

D’ailleurs, toutes les surprises et toutes les émotions de sa petite enfance solitaire, restées sans explication et sans sympathie, en face du silence morose de Gertrude, avaient créé dans son âme un coin secret, caché même à l’œil de sa mère.

Elle lutta un moment avec elle-même, cherchant à étouffer l’étrange résistance instinctive que, si souvent, elle opposait à une tendresse exclusive et passionnée, puis elle enveloppa sa mère de ses longs bras maigres, et elle la serra contre sa poitrine sèche de très jeune fille !

— Pourquoi est-ce que je te cacherais