Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/151

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d’André, lorsque, en face des cerisiers, au moment où il venait de la tenir dans ses bras, il lui avait dit : « Que votre mère est encore belle ! » Ces mots jetés sur son intense émotion l’avaient brusquement éteinte. Ils avaient pénétré, ce jour-là, jusqu’à ses moelles.

— Si ce n’est pas moi, dit-elle, très froidement, c’est quelqu’un d’autre qui l’attire. C’est cela que tu veux dire, n’est-ce pas ?

Sa mère lui saisit le poignet et le serra entre ses doigts nerveux, à le briser.

— Tais-toi, mais tais-toi donc.

Un vertige la prenait. Elle resta un instant hésitante, sans savoir à quel parti s’arrêter, sentant le fatigant contrôle que sa volonté et sa tendresse pour Élisabeth exerçaient depuis si longtemps sur la libre expression de ses sentiments lui échapper pour tout de bon. Ne trouvant plus le courage de préparer davantage Élisabeth au coup qu’elle allait lui porter, elle dit enfin, les dents serrées :

— Ce que ce jeune homme veut de toi,