Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/17

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des ordres d’un ton bref, presque cassant :

— Ici, là. Non pas ainsi. Oui, c’est bien.

Et à mesure que le travail avançait, sa belle figure régulière prenait une expression amère, presque irritée.

Debout au milieu de la chambre, très droite dans sa robe de deuil, elle sentait sur elle les yeux et l’attention de ces hommes de la rue, et cela l’écœurait tellement, cette stupide et vulgaire admiration, que ses gestes en devenaient nerveux, sa voix dure et autoritaire.

Bien qu’elle approchât de la quarantaine et qu’elle mît tous ses soins à accentuer son âge, qu’elle portât toujours des couleurs sombres et des vêtements dépourvus de tout ornement, partout la même attention gênante la poursuivait, et elle en éprouvait toujours le même ennui, la même impatience.

Dans ce moment, à côté d’Élisabeth, qui se tenait près d’elle sans rien dire, cette impatience devenait presque de la colère, et elle hâtait fièvreusement le travail, se multipliant.