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Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/180

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Cependant, pour corriger l’effet de son refus un peu trop brusque, il la prit par les épaules, la considéra de la tête aux pieds, la toisa longtemps sans rien dire dans sa toilette neuve d’étoffe claire. Enfin il s’écria d’un air distrait :

— À la bonne heure, plus de noir !

Élisabeth resta immobile, indécise, un pli au front. Elle ne trouvait pas d’expression juste pour traduire sa pensée. Sa pensée ! Ce n’était pas même une pensée, c’était une de ces fugitives impressions qui effleurent l’esprit, si légères qu’elles n’ont pas dans le langage de forme correspondante. En l’arrêtant dans des mots, elle lui donnait une consistance qu’elle n’avait pas. Elle dit simplement :

— J’aurais beaucoup voulu que tu vinsses avec moi.

Et elle marcha vers la porte lentement. Arrivée sur le seuil sans qu’André eût prononcé une parole, elle se retourna :

— Et toi, dit-elle d’une voix un peu basse, qu’est-ce que tu vas faire ?