Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/24

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qui venait de la secouer en face de cette glace où elle avait rencontré l’œil questionneur d’Élisabeth, c’était la crainte brusque de l’avenir. Depuis quelque temps, quelque chose de nouveau dans la manière d’être d’Élisabeth, un imperceptible changement d’attitude qu’elle ne pouvait pas localiser dans des faits, ni même préciser dans des mots, avait fait surgir cette inquiétude nouvelle, au moment précis où le souci rongeant de trouver du pain pour son enfant, de la garantir de la faim, de la soif et du froid, s’envolant pour toujours, lui permettait d’entrevoir une ère de repos.

D’où venait cette insaisissable dissidence qui semblait tomber de l’air comme l’impalpable poussière de l’espace, s’introduire dans le mécanisme de leur vie quotidienne, et en détraquer le mouvement ?

Une fois de plus la mère se questionnait, anxieuse, et comme Élisabeth était venue s’asseoir à côté d’elle, elle fut sur le point de céder à la tentation de la confesser. Mais