Aller au contenu

Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

après une seconde de réflexion, elle refoula son impulsion, et elle se mit à songer aux choses du passé avec une acuité douloureuse, qu’elle ne connaissait plus depuis longtemps. Tout un regain de souffrance, de vieille souffrance presque oubliée dans la tourmente d’une vie difficile, montait de ce lointain passé.

La mort même de sa mère, dont l’avis imprimé, reçu sans préparation, avait été si humiliant pour elle que ses larmes avaient presque honte de couler, cette mort même n’avait pas mis aussi à vif son inguérissable blessure.

À mesure que les années s’étaient ajoutées aux années, sans que les grands-parents, obstinés dans leur ressentiment, eussent consenti à voir Élisabeth, Mme Georges s’était habituée à penser à eux avec une singulière impénitence au fond du cœur. L’injuste châtiment jeté sur l’enfant avait enlevé à ses regrets leur aiguillon. Elle n’avait plus songé à autre chose qu’à dédommager Élisabeth de