Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/254

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pas possible qu’elle se fût trompée sur la grandeur du désastre ?

Depuis qu’elle était au monde, on lui avait caché tant de choses ; tant de chosès resteraient pour elle enfouies dans la lourde brume du passé. De son père, elle ne savait rien, pas même le nom. Elle ne saurait jamais rien du funeste roman de sa mère. Elle se souvenait très bien que, lorsque la nouvelle de l’héritage était arrivée, sa mère elle-même avait été surprise. Le testament de l’aïeule ne pouvait-il pas avoir été contesté, annulé, et cette rechute dans la pauvreté s’expliquer par une cause qui lui restait inconnue.

Elle se leva, se dirigea machinalement vers la fenêtre, l’ouvrit, et, entre les toitures serrées, elle regarda un moment l’étroite bande de ciel, d’un bleu lavé, effacé, très lointain, puis elle murmura :

— Pourquoi est-ce que je me dis ces choses ? À quoi bon ?

Et brusquement la réalité rétablit autour d’elle son cercle étroit, méchant, qui la