Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/285

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une heure de crise elle aurait surgi de sa cachette sous une forme inattendue, comme elle s’était dégagée tout naturellement du dévoûment, en apparence absolu, de Gertrude.

Elle avait condamné sa fille à une existence décolorée, que toute sa tendresse ardente, excessive, n’avait pas su garantir d’une seule heure d’épreuve.

Aujourd’hui, en échange du don de la vie, de ce présent enveloppé d’épines, Élisabeth lui apportait une part dans sa joie maternelle, félicité traversée de beaucoup d’ombre, mais pure de souvenir honteux. Elle lui offrait tout ce qu’elle pouvait lui accorder, une main d’association pour une période de jours à venir.

Sous ce souffle de pitié, les lourds nuages qui avaient longtemps, si longtemps obscurci son esprit, se dissipaient. Elle voyait enfin s’ouvrir dans la nuit désolée de son cœur une échappée de lumière. Elle leva les yeux sur le coin de ciel que les toitures découpaient en dessin bizarre au-dessus de sa