Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/45

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dement, un grand chagrin, en effet… Et elle resta un instant gênée, sentant entre son deuil profond et son attitude quelque chose d’anormal que cet œil étranger avait saisi. Elle ajouta après un silence :

— Si je n’avais pas Élisabeth !

Mme Musseau ne répondit pas. Elle scrutait le deuil rigide, très simple, la robe de mérinos noir, strictement unie, et elle se demandait une fois de plus ce qu’il y avait dans le passé mystérieux de cette femme d’assez important pour avoir été caché même à Élisabeth.

Mme  Georges coupa le silence. L’attention pesante dont elle était l’objet l’oppressait. Elle dit, la voix un peu altérée :

— J’ai été si contente de tout ce que vous avez fait pour Élisabeth. J’allais vous l’écrire.

Elle continua sans reprendre haleine :

— Nous avons vécu si séparées, elle et moi jusqu’ici… Je pourrai m’occuper d’elle… davantage… à l’avenir. Je tenais beaucoup à vous remercier encore une fois de votre intérêt, de votre persévérance, de votre sollicitude.