Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/51

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plaisir, il n’avait plus pensé à l’heure. La rencontre le prenait par surprise.

— Tu as toujours le temps de te promener, toi, à ce qu’il paraît, dit l’asthmatique froidement.

Il alla s’asseoir à sa place, les joues parcheminées tendues d’un petit sourire nerveux, et il se mit à tapoter sur la table de petits coups brefs coupés de silence. Sa figure sèche et chétive avait un air malade, douloureux.

— En somme, reprit-il au bout d’un instant, qu’est-ce que tu fais tout le long du jour ? Tu prends l’air, tu cours les rues et les aventures, et c’est ta tante qui paie. C’est drôle, ça, tu sais… vraiment…

Il y eut un silence. De la pointe de sa canne, André jouait un air d’opéra sur le plancher.

— Vous avez toujours eu mauvaise idée de moi, mon oncle, dit-il enfin en levant les yeux et affermissant sa voix, je le regrette, mais je n’y puis rien. J’aurais beaucoup à dire si je voulais me donner la peine de me