Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/61

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s’éteignit. Il faisait presque nuit. Mme  Georges se retourna :

— Où est Élisabeth ? dit-elle d’une voix mal affermie ; je ne l’entends plus du tout.

La figure satisfaite de Gertrude se tendit aussitôt. Elle répondit d’un ton bref :

— Je ne sais pas.

Et un silence suivit, comme si la seule mention de ce nom eût fait naître entre les deux femmes une gêne qui enlevait tout intérêt aux petites péripéties de la vie.

Pendant tout le long hiver qui venait de s’écouler, Mme  Georges avait en vain cherché, à l’attitude malveillante de Gertrude envers Élisabeth, une explication quelconque qui lui permît de concilier cette dureté d’âme vis-à-vis de l’enfant et l’extraordinaire dévouement qu’elle-même, depuis son malheur, avait trouvé chez cette femme. Il lui était impossible de découvrir la cause cachée de cette antipathie tenace. Elle avait espéré qu’une intimité fermée à tout contact extérieur, à l’abri des anciens soucis dévorants, aurait raison de cette