Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/81

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Elle frissonna de la tête aux pieds, comme si son sang se glaçait tout à coup devant ce mensonge banal qui avait abrité sa vie de l’ignominie, et qu’un jour l’œil dessillé d’Élisabeth lirait librement sur ce bout de métal.

Cacher à jamais la vérité ! Non. Cela était impossible. Mais si elle pouvait reculer l’heure effrayante longtemps encore, jusqu’à ce que la confiance d’Élisabeth fût assez solide, pour que rien au monde ne pût l’ébranler !

Elle hâta le pas. L’affreuse prophétie du docteur sonnait si menaçante à ses oreilles qu’elle s’attendait presque à la trouver déjà en voie de réalisation, et Élisabeth appelée à payer de sa propre vie la dette d’une autre.

Au moment où elle franchissait le seuil, Élisabeth se leva. La mère demanda :

— Où vas-tu ?

— Dans ma chambre, un moment… Je reviendrai…

Mme  Georges n’essaya pas de la retenir. Elle resta seule dans le demi-jour crépusculaire. Elle avait vu sur le visage énigmatique et