Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/82

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pâle d’Elisabeth l’expression agressive qu’elle connaissait si bien, et elle redoutait plus que tout le reste ce tête-à-tête distant, où l’âme de sa fille lui échappait absolument.

Elle se mit à réfléchir en regardant très loin, dans le bleu pâle du ciel, s’allumer les premières étoiles vacillantes, puis, à mesure que les ténèbres s’épaississaient, toutes les autres, les grandes et les petites, une à une.

Toutes les réalités douloureuses de sa vie s’adoucissaient. Même sa souffrance actuelle perdait quelque chose de son acuité rongeante, en face de la paix profonde qui descendait du ciel.

Ce qu’il y a d’éphémère même dans les grandes douleurs inconsolables, n’était-il pas écrit en lettres de feu sur cette voûte brillante où, de siècle en siècle, le même spectacle éternel se déroule quelques jours sous l’œil de fuyantes générations ?

Il lui sembla peu à peu que l’épreuve de