Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/86

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Et elle alla s’asseoir au fond de la chambre, où son visage maladif dessina sur le velouté pourpre de la tapisserie un ovale très blanc.

Mme  Georges la suivit, et elle aussi s’assit. L’œil sombre d’Elisabeth, l’œil méfiant des mauvais jours glissa sur elle.

— Ne me regarde pas ainsi, Élisabeth. Si tu me regardes ainsi, je ne pourrais pas, non. Il faut m’écouter avec ton cœur, comme quand tu étais toute petite et que tu venais te blottir contre moi comme si jamais, jamais rien ne pourrait nous séparer.

Elle attendit un moment, sûre qu’Élisabeth dirait quelque chose, mais la jeune fille resta muette. La mère reprit, la voix tremblante :

— Et maintenant j’ai peur de toi, oui… j’ai peur !

En même temps elle se leva, les joues pourpres, et elle retourna à la fenêtre, espérant, vaguement, qu’Élisabeth la suivrait, mais la jeune fille resta clouée à sa place. Les paroles de sa mère la paralysaient d’anxiété et d’impatience. Elle n’éprouvait