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loin en loin, il concluait brusquement : « Toujours pas de nouvelles ? » Philippe répondait d’un ton bref : « Aucune ». Et l’entretien s’arrêtait net.

Isabelle avait obstinément refusé d’aller passer une saison à Paris. Elle aimait mieux rester à la maison avec Germaine, l’aider dans les soins domestiques, la soulager des tracas de son intérieur comme si la société de sa belle-mère avait pour elle un charme plus grand que l’attrait de tous les plaisirs.

Si parfois, exaspéré de la préférence ouverte que ce choix témoignait à sa femme, Philippe s’efforçait d’arracher Isabelle à des préoccupations où il n’avait point de part, s’il essayait de réveiller un écho de l’ancienne gaieté, vive et bruyante, de la petite fille d’antan, Isabelle, au lieu de rire comme autrefois des saillies de son père, s’attristait davantage. La joie factice de Philippe semblait lui faire un mal aigu.

Alors le père, mordu au cœur par une jalousie insupportable vis-à-vis de Germaine, s’en allait galoper à travers la campagne pendant des heures. Quelquefois il s’arrêtait chez Jacques, poussé par un désir ardent de se plaindre de l’attitude d’Isabelle ou d’accuser tout haut devant quelqu’un la sournoise in-