Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 132 —

blanches, les chaumières aux toits rouges, les moulins avec leurs grands bras tournants et enfin, enfin, au fond de la distance, la tache claire de la maison. Que m’importaient tous les petits garçons du monde, leur travail ou leurs loisirs ? J’allais reprendre auprès de papa ma vie d’autrefois, retrouver mes coins préférés, déterrer mes anciens jeux, réveiller tant de chers souvenirs qui me paraissaient à cette époque si loin, si loin de moi !

Durant toute la matinée qui suivit mon retour, je repris possession de la réalité avec une ivresse de joie que je n’ai jamais plus connue depuis. Tantôt j’allais de la cave au grenier, en furetant partout, tantôt je courais à perdre haleine dans les allées du parc, ou bien je m’asseyais au bord de l’étang où les trois canards blancs barbotaient tout à fait comme autrefois.

Ce matin-là, je ne songeai nullement à ce petit garçon qui habitait sous le même toit que moi et que je n’avais pas encore vu. Je l’avais si complètement oublié que lorsque je l’aperçus tout à coup, petit, pâle et maigre, assis entre papa et maman, j’eus un véritable choc de surprise. Il avait l’air timide, ne disait rien, et pas une seule fois son regard ne se