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Aussitôt une voix un peu étouffée murmura tout près de moi :

— Isabelle, mon enfant, qu’est-ce qu’il y a ? Qu’avez-vous ?

Dans l’angle de la fenêtre, cachée par les plis de la lourde draperie rouge, j’aperçus ma seconde maman.

Elle était assise là, immobile, et elle pleurait. Hâtivement elle avait essuyé son visage, mais ses yeux rougis étaient restés pleins de larmes. Je courus à elle :

— Pourquoi pleurez-vous ?

J’attendais sa réponse, le cœur battant. J’étais si sûre, oh ! si sûre qu’elle allait me dire : « Je pense à Lucien. » Je l’embrassais et moi aussi, je pleurais, je pleurais.

Enfin, elle murmura :

— Je suis un peu nerveuse, aujourd’hui, ce n’est rien. Mais vous, Isabelle, qu’est-ce que vous avez ?

Elle ajouta d’un ton bas :

— Ne venez-vous pas de faire une belle promenade avec votre père ? Ce fut la première fois que je devinai quelque chose de sa souffrance ; vaguement, très vaguement, comme on aperçoit dans l’épais brouillard la ligne confuse des formes lointaines. La