seule chose que je saisis clairement, c’est que cette promenade qui avait été pour moi si longue, elle me l’enviait. Je dis enfin :
— Depuis que Lucien est parti, je n’aime plus à m’en aller. Je veux rester à la maison avec vous.
Elle répliqua :
— Il faut faire ce que votre père veut. Moi, j’ai des occupations à la maison, je n’ai pas le temps de sortir tous les jours.
Il y eut un petit silence, puis je repris :
— Je ne peux pas comprendre pourquoi Lucien n’écrit pas. Et vous ?
Elle me regarda rêveuse, et me dit :
— Non, je ne sais pas.
Ce jour-là, elle n’ajouta rien. Sa pensée était ailleurs, elle ne parvenait pas à s’arracher à sa propre préoccupation, mais plus tard, quand elle eut recouvré plus de calme, je l’ai toujours trouvée prête à m’écouter et à me répondre. Sans elle mon fardeau eût été trop lourd. Elle ne partageait pas directement mon inquiétude ; son attention était trop possédée par autre chose. Quelquefois pourtant, elle m’a dit :
— Pourquoi est-ce que je l’ai permis ? Ah ! si seulement je ne l’avais pas permis !