s’irritait, Jacques passa le premier pont qui se* présenta et tout de suite la paix et l’ombre du quai tranquille le calmèrent. Il avait laissé derrière lui la fièvre de la grande ville indifférente et il regarda le fleuve noir, déjà étoilé des feux de la nuit, couler sans bruit. L’eau s’en allait paresseuse et pesante.
Étouffant au fond de son cœur quelque chose de caché qui se débattait pour venir au jour, il suivait des yeux les formes noires qui se mouvaient à la surface du fleuve et les lumières flottantes glissant sur l’eau. Tout à coup, du sein de cette flottile d’embarcations légères, le cri aigu d’une sirène déchira l’air. Jacques sursauta violemment, et au même instant le contrôle sévère qu’il exerçait sur sa pensée lui échappa. Il murmura à contre-cœur :
— Ton devoir d’honnête homme ! Mais pourquoi ?
Et le visage flétri et soucieux de sa mère tel qu’il était au moment où, prenant hâtivement congé d’elle la veille, il l’avait mise, en deux mots, au courant des confidences d’Isabelle, le vieux visage tendu et attristé se dessina en traits précis devant ses yeux.
Sans qu’il sût pourquoi, l’attention muette